Le rapport hypertextuel vu par un rédacteur professionnel

mercredi 29 novembre 2017
par  Christelle Fournier Dupont

Ce matin, j’avais rendez-vous avec Paul Dugas et Emilienne Dubois, le président général de Biopôle et sa directrice de communication, pour échanger sur un travail qu’ils souhaitent confier à un rédacteur professionnel. En vue de leur prochain Conseil d’Administration, ils ont besoin des compétences d’un professionnel de l’écriture pour rédiger le rapport d’activité 2016.
Lors de l’entretien, ils ont tout d’abord décrit leurs attentes : un rapport d’activité d’environ trente à cinquante pages résultant d’une synthèse des documents qu’ils fourniront et qui sera sans image. Ce rapport sera destiné à tous les membres du conseil. Il leur fournira toutes les informations que des administrateurs sont tenus de recevoir lors des instances.

Pour me démarquer de mes concurrents, je leur ai alors proposé d’écrire le rapport sous la forme hypertextuelle construite selon la conceptualisation du géotexte (Rey, 2013).

Intéressés par ce concept, ils ont demandé des explications éclaircissantes sur le sujet.

« Le rapport hypertextuel est un rapport différent d’un rapport classique », ai-je commencé. « La première chose, c’est qu’il diffère du format classique « papier » puisqu’il est construit de manière à se déplacer de documents en documents en cliquant sur des liens. Il doit donc être lu sur un moniteur relié à une unité centrale, qui elle-même est reliée à une souris qui permet de cliquer sur les liens. Dans ce concept, le lecteur devient actif. Il ne se contente pas d’ingérer des mots comme il le ferait en lisant un rapport classique papier mais il intervient dans sa lecture.
La deuxième chose, c’est que le rapport hypertextuel repose sur le principe de maillage entre les documents, qui sont liés entre eux par des liens logiques. La première des difficultés est la recherche des informations qu’il faudra transmettre aux lecteurs.
Pour exemple, lors de la construction du dernier rapport hypertextuel que j’ai eu en commande, la recherche des documents m’a pris deux semaines : internet, livres, entretiens avec les dirigeants, étude de la communication interne...Et avec internet, le web permet une recherche quasi illimitée ! Il faut donc s’imposer des limites dans les recherches.
Puis, la deuxième étape, c’est la digestion de tous les documents réunis. Il faut en absorber les contenus puis les assimiler. Ensuite, il est nécessaire de les incorporer, les répartir et les ordonner en réseau en fonction d’une trame fixée par la création d’un géotexte (Rey, 2013).
Le géotexte, c’est le guide qu’il faut suivre. C’est le patron. C’est la visualisation spatiale des rubriques. Vous voyez un jacquard, et bien, c’est pareil. Ce sont des formes géométriques, de différentes couleurs et reliées entre elles. Les sommets des motifs représentent les rubriques.
Toujours lors du dernier travail que j’ai effectué, le géotexte construit était composé de cinq figures géométriques, quatre triangles et un losange central. Chaque figure représente un thème dont les sommets représentent une rubrique. Pour le construire, j’ai tracé sur une feuille de papier les formes triangulaires ou rectangulaires, en fonction des rubriques à développer. Puis je l’ai reproduit en version informatique par un traitement de texte.
Donc, une fois le patron déterminé et le classement des documents fait, l’ascension vers le rapport final peut commencer. Comme en haute-montagne, il faut donc une préparation spécifique et des techniques de progression.
Le rapport hypertextuel ne se construit pas au hasard, ce n’est pas une simple randonnée sur des plateaux. De fortes contraintes doivent être respectées par le professionnel, notamment celles de la cohérence, la cohésion et la lisibilité, c’est-à-dire de la clarté. Le rédacteur ne doit pas se perdre dans des ascensions périlleuses de n’importe quelles parois. Le rédacteur doit soutenir son attention sur sa progression. Comme en tricot, le montage du travail est fondamental. Une maille sautée, perdue ou tricotée à tort donne un produit fini troué. Perdre le fil a donc des conséquences désastreuses. Toujours respecter la grille ! Tel est l’adage du parfait rédacteur.
Respectant donc une logique de montage, où le poignet de la manche n’est pas cousu avec l’encolure, sous peine d’un travail totalement incohérent, le rapport hypertextuel prend forme. Il ne reste plus qu’à lier entre elles les pièces ainsi obtenues par l’ajout de liens appelés liens hypertextes. L’hypertexte, c’est la relation entre un texte B et un texte antérieur A. Le lien hypertexte, c’est le pointeur qui emmène le lecteur d’un sommet à un autre, du Mont Blanc au Mont Maudit ou bien encore au Mont Rose. Pour guider le lecteur, le lien s’identifie par une police de couleur bleue et soulignée.
Pour ce dernier, l’intérêt de ce concept par rapport au document classique est donc d’avoir un produit actif, sans cesse modifiable, puisqu’il n’est pas imprimé. Le rédacteur peut faire vivre son travail, il peut augmenter, diminuer les mailles en fonctions des nouvelles informations à communiquer. Ce type de rapport n’est donc jamais un produit fini ».


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