Mrs. Dalloway - Quand l’ennui rencontre le génie

mardi 17 novembre 2020
par  oceanemartin

FRANCE - Confinement COVID-19 2020 Journal de Bord Littéraire - Jour 42

Mrs. Dalloway - Quand l’ennui rencontre le génie

Salut les Confinés ! On se retrouve dans cette rubrique « Journal de bord littéraire » avec un classique anglais, et pas des moindres : Mrs. Dalloway de la célèbre Virginia Woolf ! Vous avez forcément entendu parler d’elle, et pas uniquement en cours d’anglais : elle est l’autrice préférée des féministes des séries Netflix (vous savez, cette autrice que tous les mecs commencent à lire pour plaire à leur crush qui suit des cours de littérature).
Puisque je n’avais rien à faire de plus pendant ce confinement, j’en ai profité pour attaquer ce pan de la littérature anglo-saxonne. J’émets quelques réserves.

C’est long… C’est lent… On s’ennuie… À vrai dire, on s’ennuie autant que le personnage principal, Charlotte Dalloway, et la pauvre femme n’est pas en reste ! Mondaine, Londonienne et femme des années 1920, Charlotte Dalloway est de ses dames qui portent un masque pour répondre à des exigences sociales strictes.
Mais au juste, qu’est-ce qui se passe dans ce roman ? Eh bien pas grand-chose. Nous suivons principalement la journée de Charlotte dans sa vie de femme du monde. Promenade, achat chez le fleuriste, reprise une jupe pour la fête du soir… Ces épisodes sont coupés de tranches de vies d’autres personnages, que cela soit la gouvernante de sa fille Elizabeth, son ancien amant ou encore une amie qui n’en est pas vraiment une.
Bien qu’elle soit agréable, la plume de Virginia Woolf a pris un sacré coup de vieux. Certaines phrases sont bien trop longues et alambiquées pour qu’un public moderne (coucou c’est nous !) puisse en apprécier toute la substance. Ajoutons à cela que les dialogues répondent pour beaucoup à des codes sociaux désuets, et nous obtenons un lecteur (et moi la première !) un peu perdu et qui n’attend qu’une chose : qu’il se passe quelque chose. Je ne suis pas sincèrement friande des scènes glauques ou trop trash comme on peut entendre dire… mais un des seuls moments un peu prenants fut le suicide de ce pauvre homme rendu dingo par la Première Guerre Mondiale (oups ! spoiler alert !).
En somme, nous avons un roman qui répond à des codes d’un ancien temps, avec une intrigue plus que bancale, et un style à dormir debout. Pourquoi alors émets-je tant de réserves ?

Ce roman est ponctué de véritable coup de génie.

À la manière d’un nid d’oiseau caché dans les branches touffues d’un arbre, les phrases à rallonge de Virginia Woolf dissimulent de véritables joyaux bruts. Des éclairs de génie qui viennent nous sortir, nous lecteurs, de notre torpeur. Comme une vague nous arrache au pont d’un navire, certains mots nous percutent avec une force indicible, nous laissant pantois devant tant de maîtrise.
Nous suivons certes Charlotte dans sa journée… Mais dès qu’elle croise un autre personnage, nous passons d’une vie à une autre, d’une narration à une autre… D’un univers à l’autre. Se joue alors un véritable chassé-croisé narratif sur fond d’introspection et de dialogue intérieur pétris d’une humanité sans borne. Doute, amour, peur, joie, réflexion sur le temps qui passe, sur sa place dans le monde… C’est tout cela, Mrs. Dalloway. Un méli-mélo qui se partage le gâteau entre l’ennui le plus profond, et le génie le plus absolu.

Chers Confinés, je ne saurais dire si j’ai aimé ou non ma lecture. Elle a été si longue, et à la fois si rapide, si ennuyeuse et si puissante… Je ne saurais me prononcer. Je ne peux que vous inviter à le lire afin de vous faire votre propre idée. Ou bien, procurez-vous-le en format audio, l’effet la longueur sera peut-être ainsi évitée.

C’est sur cette belle parole que je clôture ce journal de bord littéraire. À demain les Confinés, pour découvrir un nouvel ouvrage !

Envie d’aller plus loin ? Voici un pot-pourri de citations de Mrs. Dalloway !

  • Certains jours, certains spectacles l’évoquaient pour elle, doucement, sans rien de l’ancienne amertume, ce qui, peut-être, est la récompense d’avoir aimé les gens.
  • Aimer rend solitaire.
  • Rigide, le squelette de l’habitude maintient seul la forme humaine.
  • C’est le privilège de la solitude ; dans l’intimité, on peut faire ce qu’on veut. on peut pleurer si personne ne nous voit.
  • « On ne peut pas aimer deux fois. » Que lui répondre ? Qu’il est meilleur d’avoir aimé ?
  • C’est si sot de faire les choses pour des raisons extraordinaires. Pourquoi ne pas être comme Richard qui fait les choses pour elles-mêmes, tandis que moi, pensa-t-elle en attendant pour traverser, la moitié du temps je fais les choses pour que les gens pensent ceci ou cela, et c’est idiot (le policeman levait la main), car personne ne s’y laisse prendre.
  • La mort est un défi ; la mort est un effort pour s’unir, les hommes sentant que le centre, mystiquement, leur échappe - ce qui est proche se retire, le ravissement s’évanouit ; on est seul. Dans la mort il y a une étreinte.
  • Tout ceci continuera sans moi ; est-ce que j’en souffre ? Au contraire, n’est-ce pas consolant de penser que la mort met fin à tout ?

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