On ne me quitte pas toujours volontaire.
On me quitte souvent insouciant.
J’ai craché mes enfants aux quatre coins de la Terre.
Je ne suis plus le pays, je ne suis plus la maison !
Pour un temps ou pour longtemps !
Et, je manque, je manque si fort,
Qu’on me danse, qu’on me chante comme pour…
Célébrer mon absence, ma cruelle distance.
Et pourtant… où que tu sois, tu me foules aux pieds.
De Rio à Paris, de Kyoto à Messine…
Tantôt brune, tantôt rousse, tantôt blonde…
De poudre, de sable ou de rocs…
Je suis là. Partout. Présente du nord au sud et de l’est à l’ouest.
Je tourne en rond pour te crier que je t’aime !
Te dire, à toi, le sourd, l’éternel immobile,
Que je suis là, avec toi, pour toi, en toi.
Mais, comment convaincre un Homme qui ne sait pas, que ne voit pas ?
Que je suis là, en lui, avec lui.
Lui dire, lui le sourd, l’éternel figé,
Que je tourne pour le rattraper et lui crier mon Amour !
Je me suis étalée partout sur ce monde.
Je me suis manifestée sous toutes les formes possibles…
Dans toutes les couleurs du soleil…
Dans toutes les nuances dorées de l’ocre…
Du Brésil à la France, du Japon à l’Italie,
Pour qu’enfin tu me vois sous tes pieds !
Mais, tu me fais mal en remuant sur mon dos !
De ta cruelle présence, je ne peux ignorer l’écho !
Et cela fait tellement longtemps, si longtemps,
Que tu manques de m’achever.
Ta quête statique et ma course en avant,
Créent un pouls, un rythme à cette Terre,
Dont on ne s’acquitte qu’à la fin.

[Zohra Benbarek]